Longtemps considérée comme une maladie gynécologique, il s’avère que l’endométriose peut toucher de nombreux organes en dehors de la sphère génitale avec des difficultés de diagnostic importantes. Il s’agit d’un véritable enjeu de santé publique avec 1 femme sur 10 concernées, femmes en âge d’avoir des enfants.

Elle a un impact considérable dans la vie des femmes ; sur leur santé, leurs relations sociales, leur travail… Elle peut conduire à une reconnaissance en tant que travailleuse handicapée et peut aller dans certains cas à de l’invalidité.

Mais les répercutions vont bien au-delà car elle impacte très fortement la société en termes de coût de soins, de pertes de journées de travail… D’où l’intérêt grandissant d’impliquer les employeurs et manageurs dans la mise en place d’organisations qui pourraient être bénéfiques aussi bien pour les femmes concernées que pour les entreprises.

Voici un zoom sur l’endométriose pour mieux la comprendre, savoir quels professionnels peuvent accompagner ces femmes, comment la naturopathie peut être une aide complémentaire…

Les moyens de diagnostic et les outils de prédiction 

Le diagnostic est principalement non chirurgical, par imagerie ou via le nouveau test salivaire Endotest sachant (en accès limités à ce jour). Lors des échanges avec médecins ou sages-femmes, les symptômes peuvent orienter. L’examen gynécologique peut aussi permettre de détecter des problèmes. Mais il faut souvent passer, ensuite, une échographie (pelvienne, endovaginale) ou une IRM pour préciser les atteintes. A signaler, toutefois, que l’IRM ne permet pas de détecter de petites lésions, ni l’endométriose superficielle (ou péritonéale).

L’équipe médicale peut aussi faire appel à d’autres techniques (liste non exhaustive) comme :

  • l’hystérographie (pour des lésions de l’utérus, de la cavité utérine et des trompes)
  • l’échographie ou endoscopie endorectales (pour des lésions rectales)
  • des scanners ciblés (pour des lésions au niveau du colon, des reins, des uretères et de la vessie)
  • la coelioscopie en cas de fortes suspicion (signes cliniques) alors que rien ne ressort de l’IRM

Mais l’accès aux centres et médecins spécialisés est une problématique majeure pour les femmes concernées , qui errent médicalement avant le diagnostic et leur prise en charge (en moyenne 7 ans).

Des outils ont donc été développés pour une aide au diagnostic. Les résultats donnés correspondent à des probabilités d’être atteinte par cette maladie. En voici deux :

  • l’auto-questionnaire Shiny DEVA axé sur les douleurs pelviennes.
  • l’application LunaEndoScore disponible gratuitement à partir d’Apple Store ou Play store. Il est composé de questions sur le cycle menstruel, les organes potentiellement touchés autour de l’utérus, mais aussi sur divers signes autres comme les troubles digestifs. Cet outil peut être aussi utilisé par les équipes médicales en vue d’identifier les femmes les plus à risque pour les diriger vers une IRM. Les femmes peuvent y accéder sans prescription et les résultats permettront de préparer leur dossier médical.

    Les formes de l’endométriose 

    Depuis 2017, La Haute Autorité de Santé (HAS) et le Collège National des Gynécologues Obstétriciens Français (CNGOF) ont défini trois formes principales d’endométriose :

    • Endométriose superficielle ou péritonéale se limitant à la surface du péritoine, membrane entourant divers organes de l’abdomen
    • Endométriose ovarienne avec des kystes (endométriomes) liquides et de couleur chocolat  (25 à 50% des cas)
    • Endométriose pelvienne profonde avec atteintes des viscères (20% des cas) comme : les ligaments utérosacrés, l’utérus (adénomyose), le rectum, la vessie, les uretères, les intestins…Ces lésions s’accompagne de nodules souvent accompagnés d’adhérences

                                        

    Les localisations pelviennes de l’endométriose

    Source : Laboratoire ORGANON

    A noter que l’endomètre peut aussi migrer hors de la cavité pelvienne et atteindre d’autres organes présents dans la cavité thoracique (plèvre, poumons, diaphragme…). Ces cas sont cependant plus rares.

    Les interventions chirurgicales permettent aussi de classer les lésions selon différents critères d’après leurs aspects coelioscopiques, leurs localisations, leur caractère superficiel ou profond, la présence ou non d’adhérences. Quatre stades sont ainsi distingués :

    • Stade I: endométriose minime
    • Stade II: endométriose modérée
    • Stade III: endométriose moyenne
    • Stade IV : stade sévère

    A préciser que ce dernier classement n’est pas en lien avec l’intensité des douleurs.

     

    Les signes pouvant évoquer une endométriose 

    Les signes sont variés et dépendent de la localisation des lésions. A noter que certaines endométrioses sont asymptomatiques et souvent découvertes lors de difficulté pour concevoir un enfant . Voici une liste  (non exhaustive)  à laquelle peuvent aussi s’ajouter des troubles psychiques (anxiété, dépression, troubles du comportement alimentaire) :

    • Endométriose superficielle : douleurs pelviennes surtout au moment des règles, douleurs en urinant, douleurs intestinales et lors des rapports sexuels, infertilité
    • Endométriose ovarienne : règles douloureuses, douleurs abdominales et dans le bas ventre, troubles digestifs possibles en lien avec des adhérences (constipation, diarrhées), infertilité
    • Endométriose profonde :
      • règles douloureuses et hémorragiques, douleurs pelviennes
      • rapports sexuels douloureux
      • douleurs lors de la miction, difficulté pour vider sa vessie, envie fréquente d’uriner, du sang dans les urines (atteinte de la vessie, de l’uretère)
      • troubles de la défécation, alternance de constipation et de diarrhée, ventre gonflé ou Endobelly, saignements au niveau rectal (atteintes du rectum et des intestins)
      • douleurs au dos et dans les jambes (lombalgie, cruralgie, sciatique)
      • fatigue chronique, infertilité
    • Endométriose thoracique : douleurs thoraciques, toux, difficulté pour respirer, douleurs à l’épaule surtout au moment des règles.

Causes et facteurs de risques 

Causes possibles

Les causes seraient multifactorielles.

Plusieurs hypothèses ont été émises mais aucune ne permet, à elle seule, d’expliquer tous les cas observés :

  • Théorie du reflux : John Sampson (1927) a émis l’hypothèse que les cellules et débris endométriaux pouvaient migrer et se fixer hors de l’utérus. Ce reflux existe, en fait, chez 75 à 90% des femmes mais seulement 10% d’entre elles développent l’endométriose.
  • Causes génétiques
  • Transformation des cellules de la muqueuse du péritoine en cellules endométriales
  • Passage des cellules dans le sang et la lymphe et dissémination dans l’organisme
  • Dysfonctionnement hormonal : les cellules endométriosiques sont hormonodépendantes comme celles de la muqueuse utérine. Elles réagissent donc aux œstrogènes et à la progestérone. Rappelons que les œstrogènes stimulent la prolifération de l’endomètre. A l’opposer, la progestérone aide à inhiber la prolifération. Mais il a été constaté que des femmes pouvaient présentée une résistance à la progestérone , qui, de ce fait, ne jouerait pas pleinement son rôle (moins de récepteurs et/ou moins actifs).
  • Perte de la capacité des cellules lésionnelles à s’autodétruire
  • Dysfonctionnement immunitaire. Le système immunitaire serait capable de reconnaitre les tissus hors de la cavité utérine mais incapable de les détruire.

Facteurs de risque

Divers facteurs de risques ont été également identifiés ; ils augmentent le risque de développer  l’endométriose :

  • Antécédents familiaux
  • Règles précoces (<12 ans)
  • Règles abondantes et longues (>7 j)
  • Cycles courts (<27 j)
  • Absence de grossesse ou grossesse tardive (>30 ans)
  • Exposition à des polluants chimiques dont des perturbateurs endocriniens.

Ces derniers peuvent agir en modifiant la sécrétion d’une hormone, en empêchant celle-ci d’agir normalement mais peut aussi perturber le fonctionnement des récepteurs cellulaires.

Ces molécules sont partout dans notre environnement y compris dans les produits d’hygiène intime. On peut y être exposés aussi bien par ingestion, par la peau, par inhalation mais également par voie transplacentaire et via l’allaitement…

Les répercussions dans la vie des femmes 

Les répercussions peuvent toucher diverses sphères de la vie des femmes ce qui les empêchent de vivre normalement leur quotidien.

Conséquences physiques et psychologiques 

Ces conséquences sont très nombreuses comme nous le montre la liste ( non exhaustive) ci-dessous :

  • Douleurs chroniques invalidantes (70% des femmes concernées par des règles douloureuses)
  • Troubles de la mobilité, digestifs, urinaires, respiratoires…
  • Fatigue
  • Troubles du sommeil
  • Rapports sexuels douloureux
  • Stress, anxiété, angoisse, dépression
  • Difficulté pour concevoir un enfant, infertilité…

Conséquences sur la scolarité 

  • Nombreuses absences
  • Difficulté à suivre les cours (moins de performance et difficulté de concentration)
  • Impossibilité de suivre les activités physiques
  • Isolement
  • Pénalisation dans les résultats scolaires…

Conséquences professionnelles 

  • Absentéisme suite au nombreux arrêts maladie
  • Présentéisme (moins d’efficacité au travail, manque de concertation)
  • Arrêt de son activité plusieurs fois par jour notamment pour les déplacements aux toilettes
  • Augmentation de la pénibilité de son poste (station debout et autres postures…)
  • Reconnaissance en tant que travailleur handicapé (RQTH)
  • Frein dans la carrière, risque de discrimination
  • Licenciement, chômage, reconversion

Conséquences sur la vie de famille, de couple  et amicale 

  • Perturbation des relations sociales
  • Tensions aux seins de la famille ou avec son conjoint
  • Isolement, refus de sortir suite aux douleurs et à la fatigue mais aussi peur du regard et de l’incompréhension de son entourage…

 

Impacts sociétaux et économiques 

Les impacts sur la société et sur l’économie sont aussi très importants mais nettement moins documentés. Qu’en est-il exactement ? Quel coût cela représente-t-il pour nos sociétés ?

Etude Endocost

Cette étude a été lancée en 2009 avec la participation de 10 pays, 9 en Europe plus les Etats Unis. Les frais liés aux soins ainsi que les coûts liés à la perte de productivité ont été ainsi évalués.

Des professionnels référents ont été également nommés dans chaque pays. Pour la France, il s’agissait du Dr Michel Canis (gynécologue au CHU de Clermont-Ferrand) et d’Omar Kanj ( économiste).

La perte de productivité a été estimées à partir des arrêts maladies et du présentéisme. Après extrapolation , le coût total s’élèverait à 10.7 milliards par an pour la France dont près de 66% liés à la perte de productivité. C’est donc « un énorme fardeau économique» (Omar Kanj). Une autre étude a avancé le chiffre de 13.4 milliards.

Nous voyons bien au regard de ces résultats qu’il est important de renforcer la recherche pour soulager au mieux et le plus rapidement les femmes atteintes par cette maladie. Un diagnostic et une prise en charge plus rapide permettraient ,aussi, de réduire les coûts, notamment, avec moins de doublons dans les frais médicaux (errance médicale) .

Intérêt d’une meilleure conciliation endométriose et travail

Tout cela aurait un impact positif sur la productibilité. Impact qui pourrait être encore plus grand  avec une meilleure prise en compte de cette pathologie dans les entreprises. 65% des femmes déclarent rencontrer des difficultés dans leur emploi (Enquête Endovie, 2020) et 5 à 10% ont dû mettre un terme à leur activité (Enquête Endotravail, 2020)

Des pistes existent pour adapter le travail : flexibilité des horaires, adaptation du poste, télétravail, reconnaissance du statut de travailleur handicapé (RQTH)…

L’ANACT, Agence Nationale pour l’Amélioration des Conditions de Travail, a rédigé un guide en 2024 à l’attention des manageurs et employeurs intitulé « Endométriose et travail : comprendre et agir » avec des solutions concrètes pour les sociétés.

Les accompagnements de l’endométriose 

L’endométriose, comme le SOPK, ne dispose pas de traitement curatif. L’accompagnement des femmes touchées par cette maladie est pluridisciplinaire et ce travail collaboratif permet d’améliorer la prise en charge.

L’accompagnement médical, chirurgical et paramédical 

De nombreuses spécialités peuvent intervenir :

  • Médecins généralistes
  • Sages-femmes
  • Gynécologues
  • Radiologues
  • Spécialistes de la PMA
  • Chirurgiens : en digestif, en urologie, en chirurgie thoracique, en gynécologie – obstétrique, en neuropelvéologie (Traitement des douleurs pelviennes neuropathiques, de l’endométriose des nerfs pelviens et des dysfonctionnements des nerfs pelviens)
  • Psychologues
  • Kinésithérapeutes
  • Nutritionnistes et diététiciennes
  • Sexologues…

D’autres métiers peuvent aussi renforcer ces équipes pluridisciplinaires comme les naturopathes, les réflexologues, les coachs sportifs, de professeur de yoga, des sophrologues….Il s’agit là de pratiques de soins non conventionnelles.

L’accompagnement par la naturopathie 

L’approche naturelle de la naturopathie peut intervenir à de nombreux niveaux :sur :

  • l’équilibre hormonal
  • la douleur et l’inflammation
  • le bien-être émotionnel
  • le rééquilibrage du microbiote
  • la gestion du stress
  • la réduction des expositions aux polluants chimiques et perturbateurs endocriniens…

Le pilier de base est l’alimentation car elle permet de se rendre compte des erreurs alimentaires, de comprendre les bases d’une alimentation anti-inflammatoire mais aussi de savoir identifier les aliments riches en anti-oxydants. Elle est souvent associée à des plantes et compléments alimentaires qui pour une meilleure efficacité.

Quelques plantes d’intérêt lors d’une endométriose 

  • Pour diminuer le flux des règles lorsque celles-ci sont très abondantes :
    • la bourse à Pasteur (parties aériennes, Capsella bursa-pastoris)
    • l’alchémille (feuilles, Alchemilla vulgaris)
  • Pour améliorer l’équilibre hormonal:
    • le framboisier (jeunes pousses en gemmothérapie ou en feuilles, Rubus Idaeus)
    • le gattilier (graines, Vitex agnus-castus)
    • l’alchémille (feuilles, Alchemilla vulgaris
    • mais aussi les plantes pour le foie afin d’améliorer le métabolisme des hormones (achillée mille feuilles, chardon marie,, radis noir etc…)
  • Pour diminuer les spasmes douloureux du bas ventre (douleurs menstruelles, SPM, spasmes digestifs) :
    • le basilic tropical (huile essentielle, Ocimum basilicum)
    • l’estragon (huile essentielle, Artemisia Dracunculus)
    • le khella (huile essentielle, Ammi visnaga)
    • la camomille matricaire ou allemande (fleurs, Matricaria Recutita)
    • l’achillée millefeuilles (sommités fleuries en phytothérapie ou l’huile essentielle, Achillea millefollium)

Pour rappel, les plantes agissant sur la sphère hormonale sont contre-indiquées en cas d’antécédents de cancers hormonaux dépendants.

Des compléments intéressants 

  • LE PEA ou palmitoyéthanolamide et le pycnogénol qui soulagent les douleurs menstruelles
  • Le di-indoylméthane ou DIM pour améliorer le métabolisme des œstrogènes
  • Le D-glucarate de calcium qui intervient aussi dans l’élimination des œstrogènes et peut donc être intéressant en cas d’hyperoestrogénie
  • Le magnesium (bisglycinate, citrate, gluconate) régulateur de l’humeur mais aussi myorelaxant
  • Les omégas  3 qui participent à réduire l’inflammation…

 

Conclusions 

Beaucoup reste à faire pour déterminer l’origine de cette maladie, comprendre la dissémination des cellules de l’endomètre, trouver des traitements mieux tolérés, améliorer la prise en charge en cas d’infertilité…Car, il ne s’agit pas seulement d’un défi de santé publique mais aussi d’un défi sociétal et économique.

Pour découvrir mes différents accompagnements, cliquer ICI

Pour en savoir plus

Certains articles cités sont en anglais mais de nombreux outils de traduction existent , n’hésitez pas à les utiliser.

Auto questionnaire SHINY DEVA.

EndoFrance, l’algorithme Deva outil d’aide au diagnostic de l’endométriose, par le Dr Arnaud Fauconnier (YouTube, 2024).

EndoFrance, LunaEndoScore, par le Dr Jean-Philippe Estrade (YouTube, 2024).

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Laboratoire ORGANON , Comprendre mon endométriose pour mieux la vivre, 2022.

Centre Endométriose Complexe (CEC), Quel rapport entre l’endométriose et la fertilité ?

EndoFrance, Pr C. CHAPRON et Y. CANDAU, Idées reçues sur l’endométriose, Editions Le Cavalier Bleu, Paris, 3ème Edition, mars 2024.

EndoFranceInfertilité et endométriose, 2024.

L’endométriose pelvienne – Maladie préoccupante des femmes jeunes, rapport de l’Académie Nationale de Médecine, 2021.

Endométriose : état des connaissances épidémiologiquesInstitut pour la Recherche en Santé Publique (IreSP), 2024.

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Impact économique ; endométriose et entreprises

ANACT, Endométriose et travail : 3 ressources pour comprendre et agir en entreprise, 2024.

ANACT, Endométriose et travail : comprendre et agir. Guide pour les dirigeants et manageurs, 2024.

Omar Kanj, Evaluation économique de la prise en charge de l’endométriose,  2019.

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Avancée des recherches

EndoFrance, Les projets de recherche sur l’endométriose,  2024.

La HAS émet un avis favorable à l’octroi d’un forfait innovation pour le test salivaire Endotest, 2024.

Endometriosis: addressing the roots of slow progress,  2024.

Etat des lieux de la recherche sur l’endométriose en France2019.

Endométriose : point sur les avancées de la recherche, 2024.

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Endométriose et naturopathie

An Overview on the Conservative Management of Endometriosis from a Naturopathic Perspective: Phytochemicals and Medicinal Plants, 2021.

Impact de l’alimentation sur l’endométriose : une revue de la littérature, 2024.

L’Endométriose, place de la phytothérapie et du conseil à l’officine, 2023.

Endometriosis and dysbiosis : state of art, 2023.

Palmitoylethanolamide: A Natural Compound for Health Management, 2021.

Dietary supplements for treatment of endometriosis : A review, 2021.

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