Le tabac et sa fumée contiennent plus de 4000 substances. Certaines proviennent des feuilles de tabac, d’autres des additifs industriels (humectant, édulcorants…) ou des produits de décomposition à la chaleur.
Elles peuvent avoir un effet délétère sur la fertilité aussi bien de l’homme que de la femme ainsi que sur le déroulement de la grossesse.
Une fois inhalées, les molécules passent dans le sang et sont diffusées dans tout l’organisme. Un grand nombre d’entre elles peuvent passer la barrière placentaire et atteindre l’enfant à naître, avec, là aussi des effets toxiques.
Nous comprenons ainsi que le tabagisme passif peut-être tout aussi dangereux pour la santé.
Des substances toxiques contenues dans le tabac et ses fumées
Le tabac peut contenir dès sa production de diverses substances toxiques. Leur combustion peut aussi conduire à de nouvelles molécules qui peuvent présenter une toxicité encore bien supérieure par rapport aux substances initiales.
Les substances appartiennent à des familles chimiques très diverses parmi lesquelles nous trouvons :
- La nicotine ( principal composant à l’origine de la dépendance)
- Des goudrons, terme générique désignant les résidus de combustions. Ils renferment des HAP ou hydrocarbures aromatiques polycycliques dont un grand nombre sont cancérigènes et/ ou nuisent à la fertilité mais aussi au fœtus
- Du monoxyde de carbone, du formaldéhyde, du benzène ..(fumées)
- Des métaux dangereux comme le cadmium, mercure, plomb, nickel, chrome…
- etc…
Effets sur la fertilité et sur le déroulement de la grossesse
Tabac et fertilité masculine
De nombreux effets ont été observés sur les spermatozoïdes comme :
- Une réduction du volume et de leur densité
- La modification de leur morphologie
- La diminution de leur viabilité
Ce phénomène serait dû à un stress oxydant qui affecterait l’ADN provoquant ainsi la mort des cellules germinales (apoptose). Ces cellules, en temps normal, se différencient pour donner les spermatozoïdes
Le tabac et ses fumées sont considérés comme perturbateurs endocriniens agissant aussi en amont des appareils reproducteurs. Il a été en effet des modifications du taux de certaines hormones (LH, testostérone et prolactine).
A noter qu’un arrêt d’au moins 3 mois permet d’améliorer la situation.
Tabac et fertilité féminine
Ici aussi, nous observons des effets délétères :
- Une diminution prématurée de la réserve ovarienne (irréversible)
- Des anomalies chromosomiques au sein des ovocytes
- Des cas de modification de l’endomètre qui peuvent gêner voire empêcher l’implantation
- Un allongement de la durée de conception
- Une augmentation risque d’infertilité (aussi mise en évidence pour la cigarette électronique)
- Une diminution du taux de réussite en PMA
Source : Tabac et Fertilité– Laboratoire MERCK, 2016
Tabac et grossesse
Tabac et grossesse ne font pas bon ménage avec :
- Des risques de fausses couches par suite d’anomalies qui apparaissent au niveau de l’endomètre ou par suite de décollement placentaire
- Un risque de grossesse extra-utérine (altération de la mobilité de l’ovocyte fécondé)
- Des accouchements prématurés
- Le passage de la barrière placentaire et l’atteinte d’organes du fœtus avec pour conséquence un retard de croissance – en cause une diminution de l’oxygénation des tissus suite à la présence du monoxyde de carbone
- Des nouveau-nés de faible poids
- Une augmentation du risque d’enfant mort-né, de mort subite du nourrisson
- Un risque de malformations et de troubles fonctionnels
Des aides naturelles pour arrêter de fumer
Arrêter de fumer est un processus particulièrement difficile car la nicotine induit une dépendance. Diverses techniques peuvent être proposées : acupuncture, hypnose, sophrologie, réflexologie plantaires, techniques de gestion du stress, utilisation de plantes. Dans tous les cas, le choix devra être personnalisé pour une meilleure chance de réussite.
Les plantes peuvent être, en effet, une aide utile car elles peuvent agir sur les différents signes du sevrage : sensation de manque à la nicotine, prise de poids, irritabilité, troubles du sommeil, anxiété, stress et autres.
Elles peuvent aussi agir sur le foie pour améliorer l’élimination des toxiques ou sur les poumons pour réduire l’inflammation, calmer les toux et éviter l’accumulation de mucus.
Aide pour la désaccoutumance
Une plante s’est montrée très intéressante pour se détacher de la nicotine : le Kudzu (Radix puerariae). Il leurre le cerveau en se fixant sur les mêmes récepteurs de la nicotine avec, pour conséquence, de réduire les envies de fumer. Il a aussi des effets calmants et antistress, effets très intéressants dans le cadre d’un sevrage tabagique.
Attention toutefois au Kudzu car il contient des phytoœstrogènes (isoflavones) . Il est donc contre-indiqué en cas de cancers hormonaux dépendants (sein, utérus, ovaires) mis aussi en cas de kystes ovariens et d’endométriose. Il est également contre-indiqué chez les personnes sous traitement antidiabétique (risque d’hypoglycémies).
Le kudzu peut agir en synergie avec la valériane (Valeriana officinalis), ce qui augmente le pouvoir anti-addiction. Outre ses effets pour réduire l’anxiété, les troubles du sommeil, elle a la propriété de rendre désagréable le goût du tabac.
Deux autres huiles essentielles peuvent être aussi intéressantes, il s’agit de celle de l’angélique (Angelica archangelica) et celle de la pruche (Tsuga canadensis ) :
- par olfaction en respirant sur le flacon en cas d’envie irrépressible de fumer
- par voie cutanée sur le poignet après dilution dans une huile végétale (1 gouttes dans 4 gouttes d’huile végétale).
Fringales et prise de poids
Un autre problème rencontré par des personnes en cours de sevrage : les fringales et la prise de poids
Pourquoi de tels effets ? Le tabac est un coupe-faim et calme le stress. En arrêtant de fumer, les personnes peuvent être amenées à compenser par la nourriture, en particulier sur des aliments ultra transformés gras et sucrés.
Il est donc important à ce moment-là de commencer par rééquilibrer son alimentation avant d’envisager la prise de compléments alimentaires. Ces derniers peuvent cependant aider dans cette phase parmi lesquels :
Gymnnema (Gymnema sylvestris) qui permet de supprimer la sensation du sucre et agit comme coupe-faim ce qui permet de réduire les grignotages .
Huiles essentielles de pamplemousse, de mandarine (verte, jaune ou rouge, Citrus reticulata Blanco ) et de citron (Citrus Limon) ; soit par olfaction soit par voie perlinguale en mettant 1 goutte sur un comprimé neutre que l’on laisse fondre sous la langue ( 3 fois/jour, avant les repas). Leur action est en lien avec leur taux de D-limonène (terpène).
Le cas de la mandarine est d’autant plus intéressant que son huile est aussi calmante, relaxante et sédative.
Attention, ces huiles essentielles sont contre indiquées aux femmes enceintes et allaitantes, aux personnes souffrant d’asthme et d’épilepsie.
Huile essentielle de cannelle de Ceylan (Cinnamomum verum) par voir perlinguale comme pour les huiles citées ci-dessus. Il est possible d’associer la cannelle et le citron sur un comprimé neutre.
Stress, irritabilité, troubles du sommeil
De nombreuses plantes peuvent être intéressantes, soit seules soit en association pour une action synergique.
Elles peuvent se présenter sous différentes formes : extraits secs, teintures mères, huiles essentielles, hydrolats (Bio et sans conservateur pour la voie orale), macérats de gemmothérapie.
N’oublions pas non plus des compléments tels que le magnésium et les omégas-3.
Voici ci-dessous une liste de quelques plantes d’intérêt. Attention, elles peuvent avoir des contre-indications qui ne sont pas mentionnées ici.
Améliorer son humeur, réduire sa déprime
- Phytothérapie: griffonia (Griffonia simplicifolia), safran (Crocus sativus)
- NB le millepertuis n’a pas été cité ici, car cette plante présente de nombreuses contre-indications et interfère avec de nombreux médicaments
- Huile essentielle: lavande vraie (lavandula angustifolia / vera / officinalis)…
- Hydrolat: angélique (Angelica archangelica)
- Plantes utilisées en gemmothérapie: figuier (Ficus carica), aubépine (Crataegus oxyacantha), cassis (Ribes nigrum), tilleul (Tilia tomentosa)
Se déstresser
- Phytothérapie : rhodiole (Rhodiola rosea), éleuthérocoque (Eleutherococcus senticosus), ashwagandha (Withania somnifera), bacopa (Bacopa monnieri)
- Huiles essentielles: mandarine (Citrus reticulata, zeste) orange douce(Citrus sinensis), petit-grain bigaradier (Citrus aurantium ssp aurantium, feuilles), marjolaine à coquille (Origanum majorana), lavande vraie (lavandula angustifolia / vera / officinalis)
- Hydrolats: camomilles, angélique (Angelica archangelica)
- Plantes utilisées en gemmothérapie: figuier (Ficus carica) , chêne (Quercus pedunculata),( cassis (Ribes nigrum)
Améliorer son sommeil
- Phytothérapie : valériane (Valeriana officinalis), passiflore (Passiflora incarnata), mélisse (Melissa officinalis), eschscholzia (Eschscholzia californica)
- Huiles essentielles: camomille romaine, lavande vraie (lavandula angustifolia / vera / officinalis), bergamote (Citrus aurantium ssp bergamia, zeste) marjolaine à coquille (Origanum majorana)
- Hydrolats: camomille romaine (Chamaemelum nobile), fleur d’oranger ou néroli (Citrus aurantium, fleurs), tilleul (Tilia tomentosa)
- Plantes utilisées en gemmothérapie : figuier (Ficus carica), tilleul (Tilia tomentosa) aubépine (Crataegus oxyacantha)
Au-delà de ces accompagnements par les plantes, la naturopathie peut aussi intervenir au niveau des poumons pour améliorer le terrain : réduire l’inflammation, favoriser la cicatrisation, calmer la toux.
Elle peut donc accompagner de façon très large les personnes désireuses d’arrêter de fumer.
Pour en savoir plus
Comité national contre le tabagisme, la composition des produits et de la fumée de tabac
Impact du tabac sur la fertilité, CHU Nîmes
Cigarette électronique et fertilité : vrais ou faux amis ?
Effet mutagène de la fumée de tabac sur la fertilité masculine (article en anglais)
Ovotoxicité de la fumée de cigarette : une revue systématique de la littérature (article en anglais)